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Patrick Sultan, journaliste présentant Biblique des derniers gestes, dans La Quinzaine Littéraire, me faisait l'honneur de citer Poétique baroque de la Caraïbe, dans une introduction où il écrivait : « Nul doute que le dernier roman de Patrick Chamoiseau, Biblique des derniers gestes, - dont le seul titre affiche déjà clairement la démesure du propos - , puisse prétendre à s'inscrire dans cette catégorie des oeuvres horscatégories, de ces livres-sommes qui désespèrent tout essai de synthèse »1.
Une note précisait : « Pour une étude de cette catégorie de baroque en contexte antillais, on se reportera avec profit à l'ouvrage stimulant de... » etc., tandis que le chapeau évoquait « L'Oiseau schizophone de Frankétienne (Haïti), Paradisio de José Lezama Lima (Cuba), Tout-monde d'Édouard Glissant (Martinique)... », estimant que « les littératures des Caraïbes peuvent s'honorer d'avoir mis au monde de beaux monstres romanesques, créatures tout en excès dont l'ampleur, voire l'énormité constituent un défià la tentative de les contenir dans les simples limites d'une définition formelle. « "Foisonnante", "débordante", "transgressive", tels sont les qualificatifs que l'on attribue invariablement à cette propension au baroque qui semble caractériser l'écriture antillaise. »
Je me réjouis donc de voir mes analyses remarquées, inspirant d'autres lectures, tandis que la liste des auteurs relevant de ce que j'avais appelé « poétique baroque de la Caraïbe » s'allongeait2. Il va sans dire qu'ayant centré mes lectures sur Alejo Carpentier, Daniel Maximin et Édouard Glissant, je ne pensais pas en faire les seuls représentants de cette poétique mais des références, la « catégorie » ayant déjà été étendue à Naipaul et à un auteur noir-américain (non caribéen, mais si proche), J. E. Wideman, et pouvant, dans mon esprit, regrouper bien d'autres auteurs : Lezama Lima, en effet, Frankétienne, certes, mais également Arenas, Infante3. Il se pourrait même que la poétique dont il s'agit dépasse la littérature et les Caraïbes pour englober le cinéma de Wong Kar Waï et de Manoel De Oliveira, la danse de Dominique Bagouet, par exemple. En revanche, je fus en quelque sorte interpellée par un détail : je n'avais pas songé à intégrer Patrick Chamoiseau à mon étude sur le baroque. Pourtant, c'est avec Patrick Chamoiseau que j'ai commencé à m'intéresser à la littérature des Antilles, c'est son oeuvre...