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RÉSUMÉ
L'année 2005 souligne le 250^sup e^ anniversaire de la Déportation des Acadiens, événement fondateur dans l'histoire de l'identité acadienne, voire même dans celle des provinces Maritimes du Canada et de certaines régions du Québec. À la demande de la Société Nationale de l'Acadie, une fédération des différentes associations acadiennes et francophones du Canada atlantique, le gouvernement fédéral canadien, par une proclamation royale de décembre 2003, a décrété le 28 juillet de chaque année comme journée nationale de commémoration de la Déportation des Acadiens. Cette année, plusieurs cérémonies ont marqué cette première journée de commémoration, au Canada, aux Etats-Unis (notamment en Louisiane et à Boston) et en France. Le texte qui suit trace les grandes lignes de cet événement historique qui demeure encore assez mal connu dans les annales de l'histoire coloniale de l'Amérique du Nord.
La décision
La Déportation des Acadiens est l'expulsion vers les colonies britanniques d'Amérique du Nord, l'Angleterre et la France de la population acadienne de la Nouvelle-Écosse, de l'île Saint-Jean, de l'île Royale, et du Nouveau-Brunswick actuel par les autorités militaires britanniques, de 1755 à 1764. La société acadienne comptait alors une population d'environ 14000 personnes; la majorité d'entre elles seront déportées, les autres ayant fui en forêt ou s'étant réfugiées dans la vallée du Saint-Laurent.
Cette déportation débute le 28 juillet 1755, alors que les autorités coloniales britanniques de la Nouvelle-Écosse, appuyées par le gouverneur William Shirley du Massachusetts, ordonnent l'expulsion des Acadiens et la saisie de tous leurs biens et propriétés, au nom du roi George II de Grande-Bretagne. Colonie établie par les Français en 1604, l'Acadie était devenue possession britannique suite au traité d'Utrecht de 1713 et avait pris le nom de Nova Scotia, ou Nouvelle-Écosse. Les Acadiens avaient refusé de prêter un serment d'allégeance inconditionnelle au monarque de Londres et avaient plutôt proposé une politique de neutralité; un modus vivendi possible en temps de paix, mais intenable en temps de guerre.
En juin 1755, le fort français de Beauséjour, situé dans l'isthme de Chignectou, capitule devant une expédition militaire britannique commandée par le lieutenant-colonel Robert Monckton. Cette victoire stratégique sonne le glas de la présence acadienne en Nouvelle-Écosse; en effet, elle permet aux autorités coloniales anglaises de mettre à exécution le projet d'expulsion des...