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"'Tis the times' plague, when madmen lead the blind"1
-Shakespeare
Partir d'un texte donc, un « récit » plutôt, nié et affirmé. Avant que les titres ne s'affolent de tous côtés. La Folie du Jour, de Maurice Blanchot, s'avance tout d'abord comme une relation en boucle, une expérience se mouvant d'un pas irrégulier, chancelant au gré de ses perceptions. Si cette démarche semble hésitante, ce qui la guide ne l'est pas moins ; les sens s'y troublent, deviennent indistincts dans leur acuité. La vue, en tête, se prête aux plus grands écarts, du plus profond regard à l'ombre la plus vive, du jour - lumière et durée - à l'aveuglement. C'est elle que nous allons tâcher de suivre et, la tenant à distance, relever son mouvement dans la brièveté de ses lignes. Décrivant, en premier lieu, un cercle autour du « je » par le foyer des regards qu'il attire. Puis, dans un second temps, ce que lui-même peut envisager de voir à travers ses épreuves. Enfin, après une coupe qui le rend à l'obscurité, ce qu'il ne peut plus voir, ce qu'il nous laisse voir dans l'incessant entrelacs de ses paradoxes et comment le langage en porte l'écho, jusqu'au silence. Nous verrons alors apparaÎtre le vacillement de la lumière comme une autre présence de la loi, poursuivant son seul sujet - ce « je » aussi aveugle que son langage. Au miroir du « récit » de Blanchot, une autre expérience - celle de Franz Kafka - viendra contraster de ses observations le dialogue entre les lueurs de la Loi et celles du langage. Notre propos se tramera dans le trajet allant de l'un à l'autre, retraçant une vue portée à son déclin, témoignant à tâtons de sa chute.
Peut-être faudrait-il commencer, par-delà sa durée, à s'intéresser à ce qui se voit sous le jour de la folie. Ou plutôt à ce qui est vu, afin de mesurer les effets d'un obscurcissement se retournant sans cesse. La tournure passive de la vue constitue une première étape « situante » au sein de La Folie du Jour. En effet, le sujet, « narrateur » (pour autant qu'on puisse lui appliquer ce terme) à la première personne d'un « récit », est l'objet à plusieurs reprises...